LES FEMMES DE LETTRES
’IL y avait une huître à manger, je m’interposerais entre
les deux plaideurs de « La Presse ; » M. Robert
Lefranc et M. D. de S… Ce dernier, l’offenseur, soutient
que les femmes écrivains sont des objets de luxe, des bibelots
coûteux dont un homme d’esprit ne doit pas s’embarrasser.
De là une défense opiniâtre de la part de M. Lefranc
qui se fait le champion d’une faible minorité, le
chevalier d’une noble et sainte cause. Ce rôle de pacificateur
improvisé, que je m’arroge, ne laisse pas de
m’inquiéter ; il n’est point sans péril. Je me souviens
qu’un brave Canadien s’avisa un jour de séparer deux
fils de la verte Erin en train de se talocher. Vous devinez
ce qui advint. Les belliqueux Irlandais oublièrent
soudain le motif de leur querelle pour tomber à bras raccourcis
sur le naïf médiateur. Le moins qui puisse nous
arriver, en pareille occurrence, c’est de recevoir, par ricochet,
quelque pile voltaïque à trente six chandelles,