Page:Côté - Bleu, blanc, rouge, 1903.djvu/94

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


UNE VISITE AU CIMETIÈRE


LE MOIS DES MORTS



Je crois en la communion des saints.


LA bonne saison des morts s’est envolée avec l’oiseau qui chantait sur la branche du saule pleureur. Ah ! la douce mélopée entrecoupée de soupirs, plaintive comme le susurrement des jets d’eau en automne. Qui l’a entendue une fois en garde un frisson dans son cœur. Souvent, des amoureux attirés par le charme mystérieux des allées ombreuses et des vertes pelouses, s’égaraient dans le dédale des tombes ; ils allaient tendrement enlacés, se disant des serments de tendresse. Alors, les vieux squelettes noircis, enfouis dans la terre glacée, tressaillaient aux accents d’amour dont jadis ils avaient vécu et pleuré : ainsi frémit l’aiguille d’acier au voisinage de l’aimant.

Mais tout a fui : le chant du ténor ailé, le parfum des roses, le soleil même ne fait que de hâtives visites de cérémonie, on n’entend plus le claquement du fouet et le