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Page:Côté - La Terre ancestrale, 1933.djvu/21

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LA TERRE ANCESTRALE

— Oui, oui, tais-toi donc tricheur ; je connais ça. Surtout, je te trouve bien bête de te défendre : quand on fréquente une jolie fille comme mademoiselle Jeanne, on a tort de s’excuser.

— Monsieur Morin, je pense que vous voulez rire un peu de moi, répliqua la jeune fille.

— Moi rire de vous ! Je ne suis pas scrupuleux, mais je ne voudrais pas commettre ce péché là ! Voulez vous que je vous parle franchement ? Eh bien, si vous étiez à la ville, toutes les filles seraient jalouses de vous.

— Elles sont donc toutes laides par là ?

— Non pas ; mais à vous les comparer, je puis dire qu’elles ne sont pas belles.

— Je ne vous crois pas au point de me gonfler de vos compliments.

La jeune fille, seule dans les champs, avec deux hommes, se sentait mal à l’aise ; aussi, oubliant sa cueillette de fleurs, elle voulut les quitter pour revenir à la maison.

— Voulez-vous que je fasse un bout de chemin avec vous ? demanda Delphis.

Comment s’en tirer ! Accepter : c’était presque humilier son ami ; refuser ; il fallait des raisons.

— Je croyais que vous descendiez à la grève ; moi je n’ai que deux pas à faire, répondit-elle.