Page:Côté - La Terre ancestrale, 1933.djvu/26

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
26
la terre ancestrale

— Il aurait peut-être surpassé le veau de Pascal Larouche, remarqua le père. Je vais vous en raconter l’histoire : Vous savez que Pascal, pour le « génie », n’était pas un Papineau. Un jour il entreprit d’élever un veau et de le rendre vache laitière, sans le nourrir. Selon lui, manger n’était qu’une habitude. Après dix jours, le veau mourut. « C’est grand dommage que cet accident lui soit arrivé, se lamentait Pascal, il était déjà passablement bien habitué ».

La veillée s’écoulait ainsi dans de gais propos, lorsque Louis annonça :

— Allons, il est bien temps de partir pour la Minuit, la marche est assez longue.

— Comment la marche ? demanda le père : nos chevaux n’ont pas l’habitude d’aller au pas sur la voiture légère, je pense.

— Allons nous prendre la peine d’atteler, c’est si près.

— Ne me parles pas de me rendre à pieds à une Minuit : il faut y aller au grand trot de nos chevaux et au son des clochettes. Holà les femmes ! préparez-vous pendant que les hommes vont atteler.

— C’est moi qui reste pour soigner les petits et préparer le réveillon, déclara la mère.

Elle se promettait la jouissance de pouvoir, sans