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Page:Côté - La Terre ancestrale, 1933.djvu/27

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LA TERRE ANCESTRALE

témoins, surveiller ses petits-fils, les dorloter, les couvrir de caresses, satisfaire leurs plus capricieuses fantaisies. Devant ses filles, elle n’osait pas trop, car on lui reprochait de gâter le caractère de ses petits-enfants. Ils dormaient, mais ce serait bien de la sorcellerie s’il ne s’en éveillait pas une couple. Alors, tout à son aise, elle contenterait son besoin d’affection. Bien vite, les attelages aux chevaux fringants se rangèrent devant la porte. Malgré le bruit des grelots, les femmes, jamais tout à fait prêtes, ne sortirent qu’aux appels de Louis qui entra les morigéner en badinant.

Alors commença la réjouissante course vers l’église, qui, par toutes ses ouvertures, brillait dans l’obscurité comme un phare aux cents feux. De gros flocons d’une neige douce tombaient mollement ; tous les habits prenaient vite la même couleur blanche. Les « carrioles », à toute allure, arrivaient du sud, de l’est, de l’ouest, dans une sonnaille de clochettes et de grelots. « Drin drin », tremblotaient les menues sonnettes agitées par les petits chevaux au trottinement nerveux ; « gloum, gloum », les clochettes carillon balancées sur la sellette des grands chevaux de carrosse ambiant en cadence ; « gueling, gueling », la clarine pendue au collier des lourdes poulinières à la marche paresseuse. Et du haut du clocher, l’airain sonore, à toute