Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/109

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volume d’Euripide dans une poche, des poésies anglaises dans l’autre. Pris d’une sorte d’automatisme ambulatoire, il vagua dans le pays de Galles, se livrant, sur tout le chemin, à des « excentricités de collégien mal équilibré ». Le soir, il couchait sur la dure, avec le dôme céleste pour ciel de lit, ou campait sous une tente « pas plus grande qu’un parapluie », qu’il s’était fabriquée avec une canne et un morceau de toile à voile. Mais il ne parvenait pas à s’endormir, dans la crainte, qui le poursuivait, qu’une vache, s’échappant d’un des nombreux troupeaux dont les montagnes avoisinantes étaient pleines, ne vint, « par malveillance ou par curiosité » poser une patte juste au milieu de sa figure, où elle ne pouvait manquer « d’enfoncer ».



PORTRAIT DE WORDSWORTH
(Magasin pittoresque 1851)

À cette époque Quincey se plaint déjà de troubles nerveux, employant fréquemment, pour les caractériser, les mots de « nervous affection », « nervous irritation ». Quand, en 1812, son ami Wordsworth perdra une de ses filles, pour laquelle le jeune Thomas nourrissait une grande affection, il arrivera à ce dernier de passer des nuits sur la tombe de l’enfant, la revoyant devant lui comme si elle était vivante.

Certain jour, il était envahi par une « nervous sensation » qui, sans présenter les signes d’une maladie caractérisée, lui causait les symptômes les