Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/126

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fait qu’on est peu fixé tant sur le milieu dans lequel il prit naissance et se développa, que sur sa propre famille.

Il naquit dans un village du Devonshire, sur lequel notre information est en défaut. De ses parents, à peine sait-on que si sa mère était une femme « pratique », ordonnée, le père, un bon et brave clergyman, alliait en sa personne le pédantisme raisonneur et la simplicité évangélique.

Le révérend John Coleridge, vicar de la paroisse d’Ottery-Saint-Mary, et directeur de l’école du village, se plaisait, par ses récits légendaires, à exciter l’imagination — si prompte à cet âge à garder toutes les empreintes — du jeune Samuel, son treizième enfant. D’autres fois, le digne ecclésiastique, distrait de sa nature plus que de raison, parlait doctement et sentencieusement à son fils, âgé de neuf ans, comme s’il eût été déjà un grand garçon. Il n’exerçait aucun contrôle sur ses lectures, lui laissant indifféremment entre les mains des livres de métaphysique et des contes de fée.

À six ans, l’enfant lut, nous dit-on, les Mille et Une Nuits, et ces récits merveilleux firent sur lui une impression telle qu’il était hanté par des spectres toutes les fois qu’il se trouvait dans l’obscurité.

Déjà se préparait le visionnaire, le rêveur à qui répugnera toute activité physique, et que le goût