Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/134

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renouveler ses sensations, Coleridge partait de Yarmouth pour Hambourg le 16 septembre 1798 à la poursuite d’une Allemagne idéale, « peuplée de poètes et de philosophes ».

Sa première désillusion, l’illustre Klopstock la lui procura. Ce bon vieux Klopstock, l’auteur de la Messiade, lui apparut sous un jour des plus défavorables et Coleridge ne dissimule pas sa déception à la vue de ce bonhomme « plutôt au-dessous de la taille moyenne », coiffé de sa perruque à toupet, frisée et poudrée, dont les jambes étaient horriblement enflées, et qui n’avait plus de dents à la mâchoire supérieure ! Dès ce moment, il sent qu’il ne sympathisera pas avec les Germains. « La grossièreté de cette Allemagne, les beuveries jusqu’à ce que l’ivresse vienne, les fumeries jusqu’à ce que la chandelle s’éteigne, tout cela choquait sa sensibilité de poète » et d’Anglais aussi. Il éprouve bientôt le mal du pays et se demande s’il ne va pas regagner les rives embrumées de la Tamise ; mais il hésite, toujours indécis sur la détermination à prendre.

Nous le retrouvons, quelques années plus tard, dans une résidence que lui a choisie Wordsworth, sur les bords du lac de Derwent, qui n’a qu’un inconvénient, mais il est sérieux : le climat qui règne dans la région ne convient nullement à un tempérament rhumatisant. De plus, la maison baigne presque dans la rivière qui borde le jardin