Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/133

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Il importe, du reste, de remarquer que d’autres œuvres de Coleridge de cette même période où il ne prenait encore de l’opium qu’à titre de médicament, ne portent nullement ce stigmate morbide qu’on y pourra découvrir à une période plus avancée de sa vie littéraire.

Dans l’opium, Coleridge n’a cherché jusqu’alors que l’oubli de ses peines et l’atténuation de ses souffrances. Sa santé cérébrale n’est pas encore atteinte ; tout au plus a-t-il de vagues aspirations vers le mysticisme. S’il étudie avec ardeur la philosophie ancienne, il se déclare « curieux de tous les phénomènes étranges et des écrits de tous les rêveurs ». Il médite de former « un système régulier des rêveries swedenborgiennes », en même temps qu’il se passionne pour la chimie, trouvant que les expériences de Priestley « donnent des ailes à ses plus sublimes écrits théologiques ».

Ce mélange de mystique et de science ne laisse pas d’être caractéristique d’une mentalité spéciale. C’est l’époque où Coleridge parle d’aller étudier, en Allemagne, non seulement la chimie mais encore l’anatomie, et de rapporter d’outre-Rhin, avec les ouvrages de Semler et de Michaelis, théologiens allemands, ceux de Kant, « le grand métaphysicien », Kant qu’il ne connaissait encore, sans doute, que de nom et qu’il tenait à pénétrer jusque dans ses moindres replis. À ce dessein, et aussi pour