Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/157

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rompit et le suicidé tomba sur le plancher, la face contre le parquet. Cette chute brusque lui fit reprendre ses sens, mais il conserva de l’aventure un large et profond sillon autour du cou et une ecchymose à un œil. L’oncle de Cooper comprit cette fois que toute insistance serait superflue, et qu’il fallait décidément renoncer pour son neveu à la place qu’il lui destinait.



WILLIAM COOPER
reproduction d’une gravure de Meyer d’après le portrait de F. Abbot
(Collection de l’auteur)

Au moins pouvait-on espérer que l’objet de ses préoccupations disparaissant, il recouvrerait sa santé morale ; il n’en fut rien : le cerveau du malheureux était irrémédiablement atteint.

Sa folie prit un tour surtout mystique. La vision de l’enfer l’assaillait à chaque instant : il se considérait comme damné ; et à l’idée que Dieu avait constamment les yeux sur lui, il était pris d’une sorte d’affolement. Satan l’importunait sans relâche « de visions horribles et de voix plus horribles encore ». Ses oreilles étaient remplies du bruit des tourments qui lui étaient réservés. À mesure que ses pensées et ses expressions devenaient plus extravagantes et plus confuses, deux choses lui apparaissaient plus clairement : le sentiment du péché et l’attente du châtiment.

Les vers qu’il écrivit sous l’influence de son délire se ressentent de son état mental. L’internement s’imposait : William Cooper fut transféré