Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/159

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Newton. Celui-ci passait son temps à lui lire l’Écriture ou à composer des sermons, à chanter des hymnes ou à s’entretenir de sujets sacrés. Ce régime quasi-monastique, aidé de l’air salubre et vivifiant de la campagne, produisit un effet salutaire sur le malade qui redevenait affectueux, plein d’abandon, et par instants reprenait sa gaieté primitive. Une seule chose l’ennuyait, l’incommodait : prier en public lui causait une intolérable angoisse ; plusieurs heures à l’avance, il était pris de tremblements dont il ne parvenait pas à se défendre.

La mort de son frère vint à nouveau l’assombrir ; quand il souriait, c’était avec effort : « C’était le sourire d’un malade qui se sait incurable et tâche de l’oublier un instant, du moins de le faire oublier aux autres. »

Il s’étonnait qu’une pensée enjouée vint encore frapper à la porte de son intelligence ; encore plus qu’elle y trouvât accès. « C’est comme si, disait-il, Arlequin forçait l’entrée de la chambre lugubre où un mort est exposé en cérémonie ; ses gestes grotesques seraient déplacés de toute façon, mais encore davantage s’ils arrachaient un éclat de rire aux figures mornes des assistants. »

Tout objet qui mettait un peu de variété dans ses contemplations, ne fût-ce « qu’un chat jouant avec sa queue », le distrayait pendant quelques instants de sa maladive obsession. Il essayait de s’oc-