Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/16

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tions sociales ont été inventées par les sots, tout exprès pour donner aux gens d’esprit (parmi lesquels il se rangeait) le plaisir de s’en moquer et de les insulter avec raffinement ».

Sa mère, par contre, pauvre créature souffreteuse, était au désespoir « quand on dérangeait une épingle ». On devine le ménage assorti que ces deux êtres, si désharmoniques, devaient réaliser. La séparation était fatale ; chacun s’en fut de son côté ; l’enfant cadet suivit sa mère ; l’aîné fut laissé au père.

Un détail à ne pas omettre : les deux époux étaient cousins germains. Qui connaît le danger des unions consanguines, quand l’un et l’autre des conjoints présentent des tares, ne s’étonnera pas que le jeune Hoffmann ait été victime d’une aussi lourde hérédité. Il avait d’autant moins de chances d’y échapper, qu’il était né tardivement, alors que son père touchait à la cinquantaine, et qu’il avait mené une vie passablement agitée, avant d’aborder au port apaisant du mariage.

Guillaume Hoffmann — celui qui nous occupe — n’avait que trois ans lorsque son père l’abandonna aux hasards d’une éducation et d’un milieu qui allaient marquer leur empreinte sur sa vie entière.

Sa mère, au dire de quelqu’un qui l’approcha, était une « image vivante de la tristesse, de l’abattement et du repos ». Elle restait des heures entières