Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/17

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sans parler, ni bouger, peut-être aussi sans penser. Son fils était persuadé qu’il avait hérité d’elle son imagination débridée, hypertrophiée.

« On dit, écrira-t-il plus tard, que l’hystérie des mères ne se reporte pas sur les fils, mais qu’elle excite en eux une sorte d’imagination excentrique ; mon cas vient à l’appui de cette opinion. La poésie, elle, est un héritage paternel. »

Par une coïncidence curieuse, habitait dans la maison même des Dœrffer — les grands-parents maternels de notre personnage, chez qui s’était retirée sa mère — une créature singulière, dont madame Hoffmann fut bientôt la compagne inséparable, attirée vers elle par une affinité de goûts et de tempérament : le cas n’est pas rare chez les névropathes et chez les aliénés.

Profondément hystérique, mélancolique et nerveuse, Mme Werner conçut pour Mme Hoffmann une sympathie qui ne se démentit point ; et, comme l’a remarqué avec beaucoup de pénétration un jeune médecin psychologue[1], ce fut un spectacle bien capable d’agir sur l’imagination d’un enfant, que celui de ces deux folles mystiques se racontant leurs rêves et leurs craintes. Mme Werner se prenait pour une vierge des temps modernes. Pleine de cette idée,

  1. Dr Marcel Demerliac, Étude médico-psychologique sur Hoffmann. Lyon, A. Rey, 1908.