Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/161

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sortirent qui avaient le mérite de n’avoir leurs pareilles ni dans l’art ni dans la nature. »

Un moment, sa maladie eut l’air de rétrocéder. Il trouvait lui-même « qu’écrire, et surtout écrire des vers, était son meilleur remède ». Sa réputation, d’ailleurs, grandissait ; il avait une correspondance de plus en plus nombreuse, que lui valait sa célébrité. Il reconnaissait que s’il avait autrefois plus sagement employé son temps, il pourrait avoir un rôle plus important dans la société, mais qu’il ne serait peut-être jamais devenu le poète que son pays acclamait. Sa poésie n’était-elle pas, en effet, sa vie ? Sans cette mélancolie qui fait le fond de son tempérament, aurait-il tenté la veine poétique ? C’est donc, comme le note très judicieusement le Dr Boutin, à son état pathologique que la littérature doit de purs chefs-d’œuvre, et c’est encore là un des côtés extraordinaires de cette carrière.

W. Cooper présente cette particularité que la littérature a été pour lui plus qu’un délassement, une sorte de médication à des maux qui relevaient plus d’une thérapeutique morale que des drogues de la pharmacopée.

Après les heures de cauchemar et d’insomnie, c’était comme une oasis où se plaisait à se reposer cette âme agitée. Tant dans ses poèmes que dans