Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/170

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la « personnalité morale » de Tennyson un travail justement remarqué[1].

Bien que l’écrivain anglais se soit efforcé, par une sorte de pudeur exagérée, de dérober sa personnalité à ses lecteurs ; bien qu’un scrupule tardif lui ai fait retrancher de ses œuvres les pièces trop confidentielles, son caractère émerge, néanmoins, du fond de ses poèmes, et les traits qu’on y peut glaner, joints à ceux que nous ont fait connaître des témoins de son existence, pourront nous donner de l’homme une idée, sinon complète, du moins suffisante.

On a souvent répété que l’âme humaine est faite de contrastes, qu’il n’est pas un de nous qui n’ait à la fois de bons et de mauvais sentiments, qui s’opposent, se contrarient, les êtres de toute pièce étant rares, s’ils ne sont même exceptionnels parmi les hommes supérieurs. Tennyson n’a pas forfait à la règle commune.

D’une franchise rude et cinglante parfois, il était, à d’autres moments, plein de délicatesse. D’une distinction parfaite de manières et employant, à l’ordinaire un langage châtié, il se montrait brutalement incorrect par à-coups, comme le prouvent quelques anecdotes typiques.



TENNYSON
(Collection de l’auteur)

  1. Alfred Tennyson, son spiritualisme, sa personnalité morale, par Louis-Frédéric Choisy, docteur ès lettres. Genève, Kundig ; et Paris, Champion, 1912.