les riches se livrent à toutes leurs convoitises[1]. »
À ces périodes d’exaltation succédait une véritable prostration. Un jour un de ses amis ne l’ayant pas trouvé chez lui se mit à sa recherche ; il finit par l’apercevoir de loin, assis au bord de la falaise, en contemplation devant la mer. Arrivé près de lui, il l’interpelle, lui tape familièrement sur l’épaule ; le poète de bouge pas ! Puis au bout d’un instant et sans se retourner il exhale d’une voix caverneuse ces mots qui sonnent comme un glas : Fatigué de la vie !
Son pessimisme ne fut pas toujours aussi amer, mais reconnaissant le néant de toutes choses, il s’était laissé envahir par une morne désespérance :
« Je me tenais, dit-il dans une de ses pièces, sur une tour, par un temps de pluie ; la vieille et la nouvelle année se rencontrèrent, et les vents rugissaient et soufflaient, et je dis : « Ô années, qui vous rencontrez dans les larmes, avez-vous quoi que ce soit qui vaille la peine d’être connu ? Assez de sciences et d’explorations, de voyageurs allant et venant, assez de causes pour pleurer ! Avez-vous quelque chose qui vaille la peine d’être connu ? Les mers s’écoulaient à mes pieds, les vagues se déversaient sur les galets, la vieille année rugissait et
- ↑ Cf. Maud, 287 ; Locksley Hall sixty years after, 563 ; The Dawn, 890. (Traduc. L.-F. Choisy, op. cit., 209-10.)