Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/198

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À dire vrai, nous ne sommes qu’imparfaitement fixés sur les antécédents, héréditaires ou collatéraux, du « sujet » de notre observation ; tout ce qu’on sait de plus précis, c’est que Chopin eut une sœur qui succomba à la phtisie, âgée à peine de quatorze ans. « Elle souriait au milieu de la fièvre, chantait et déclamait de sa petite voix mourante[1]. »

Tous, dans la famille, avaient un goût marqué pour la musique. De très bonne heure le jeune Frédéric avait manifesté des dispositions pour cet art. Dès l’âge de quatre ou cinq ans, a relaté son neveu, le petit Fritz, comme on l’appelait, avait pris l’habitude de se coucher au pied du piano quand sa mère jouait et de tout son long étendu sur le dos, religieusement il écoutait ; le morceau terminé, ses mains fluettes se posaient sur le clavecin et il reproduisait presque sans tâtonner ce qu’il venait d’entendre. Seulement il donnait déjà, à cette époque, des signes marqués de cette nervosité excessive qui fera dire plus tard à George Sand, qu’« rien, le pli d’une feuille de rose, l’ombre d’une mouche, le faisaient saigner ».

La première fois qu’on joua devant lui, au son

  1. Comte Wodkinszi, Les trois Romans de Frédéric Chopin. Paris, 1886.