Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/20

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

secousse, dont il eut quelque mal à se remettre. Il se plaignait alors de malaises, de migraines, de saignements de nez répétés ; d’autre part, ses goûts se modifiaient : la musique, la peinture ne lui procuraient plus le même plaisir ; son instinct sexuel s’éveillait, mais les femmes qu’il désirait n’étaient que des créatures de rêve ; elles étaient insaisissables et se dérobaient à ses poursuites.

Jusqu’à l’âge de vingt-cinq ans, Hoffmann mène une vie retirée et morose. Nommé depuis peu magistrat, il est désormais libre de toute contrainte familiale ; placé dans un milieu où l’usage des vins capiteux est passé à l’état d’habitude, il ne tarde pas à se livrer avec excès à la boisson, mais par principe, pour arriver à une excitation factice, qu’il croit propice à l’éclosion des idées.

Pourquoi l’alcool, qui déprime tant de gens, n’en exalterait-il pas d’autres, ne les élèverait-il pas au-dessus d’eux-mêmes ? À cet égard, il professait des théories qu’il ne dédaignait pas d’appliquer à lui-même :

« On parle souvent de l’inspiration que les artistes puisent dans l’usage des boissons fortes ; on cite des musiciens et des poètes qui ne sauraient travailler autrement (les peintres, autant que je sache, sont restés à l’abri de ce reproche). Je n’en crois rien, mais il est certain que lorsqu’on est dans