Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/202

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port pour l’Angleterre, sur lequel il avait fait mettre cette mention : Passant par Paris. Paris allait le retenir vingt ans !…

Il y arriva dans la première semaine d’octobre 1831 ; il donna son premier concert le 26 février de l’année suivante.

Ce début, bien qu’ardemment souhaité, lui causait la plus vive appréhension. « Anxieux, pâle d’émotion, il ne prit aucune nourriture de la journée, soutenu par l’attente fiévreuse qui le dévorait. Quand vint le soir et qu’il pénétra dans la salle de la maison Pleyel, il eut un éblouissement. Son corps était agité d’un tremblement nerveux. Le sang-froid lui revint peu à peu… »

À son second concert, il était à peine plus aguerri.

«  La foule m’intimide, disait-il à ce propos à son ami Liszt ; je me sens asphyxié par ces haleines précipitées, paralysé par ces yeux curieux, muet devant ces regards étrangers. »

Cet état de nervosisme ne fit que s’accentuer avec le temps.

Au cours d’un concert dont il était la principale attraction, on remarqua qu’il était nerveux, agacé ; son jeu s’en ressentait. Un ami s’approche et lui demande s’il est souffrant. « Non, lui répond-il avec brusquerie, mais il y a devant moi une spectatrice qui bat la mesure avec son pied, et si ce