Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/201

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n’était point non plus la gentillesse efféminée d’un chérubin couleur de rose. C’était quelque chose comme ces créatures idéales que la poésie du moyen-âge faisait servir à l’ornement des temples chrétiens. Un ange beau de visage comme un jeune dieu de l’Olympe et, pour couronner cet assemblage, une expression à la fois tendre et sévère, chaste et passionnée[1]. »

Chopin était de ceux dont on dit communément que la lame use le fourreau. À la continuelle surexcitation nerveuse dont frémissait tout son être, ne tarda pas à succéder une prostration qui inquiéta son entourage ; la Faculté prescrivit une cure de six semaines aux eaux de Reinhertz, en Silésie, réputées pour les affections de poitrine.

Quelques années se passent qui ne se signalent par aucun incident notable. Nous retrouvons Chopin à Vienne où le docteur Malfatti, médecin de la Cour — celui-là même qui donna ses soins à l’Aiglon mourant — lui réserve l’accueil le plus cordial ; mais loin de sa patrie il ressent cette nostalgique angoisse, ce zal mystérieux, où se mêle la volupté à la souffrance. Pour se soustraire à cette obsession morbide, il quitte Vienne avec un passe-

  1. Lucrezia Floriani.