Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/206

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la bouche petite, mais les lèvres épaisses, légèrement lippues, l’œil voilé quand la flamme divine, irrésistiblement sympathique, ne s’y allumait pas ; il était, de plus, affecté d’un balancement de corps presque risible (sic)[1] ».

Par contre, il était d’une élégance raffinée ; il avait lancé la mode d’une sorte de gants ; telle lettre de lui, parmi les rares fragments de sa correspondance qu’on a pu retrouver — Liszt a rapporté que Chopin avait horreur d’écrire — témoigne de son goût pour les parfums de luxe et pour ces mille riens coûteux et inutiles qu’il désignait sous le nom de « galanteries ».

À la date où il s’exhibe dans cette tenue de dandy, il est recherché, adoré des femmes ; il ne connaît encore des succès féminins que les triomphes ; il en éprouvera plus tard les amertumes.

George Sand a dit de Chopin qu’il faisait naître, dans la même soirée, jusqu’à cinq et six passions, par le double prestige de sa personne et de son art ; mais un jour vint où l’amour le vainquit à son tour, lui, l’homme aux innombrables bonnes fortunes !

En 1835, au cours d’un voyage en Allemagne, Chopin avait rencontré des amis d’enfance, les Wodzinski, dont la sœur, Marie, était d’une beauté

  1. Gazette anecdotique, 1896, 326.