Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/222

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À ces ruptures, « qui donnent un si éclatant démenti aux promesses d’éternité des sentiments humains et qui nous rappellent si amèrement le néant et le vide de nos cœurs », il est indiscret autant que superflu de chercher une explication. « J’avais pour l’artiste, proteste George Sand, une sorte d’adoration maternelle très réelle et très vraie. » Sans doute Chopin, plus jeune que sa partenaire de quelques années, estimait-il insuffisante cette tendresse trop mûre sans être pure : peut-être aussi celle qui se vantait de ne s’être jamais départie d’une sollicitude de garde-malade, n’eut-elle pas pour son « cher enfant », « son cher cadavre », comme elle avait fini par le désigner, « ces immolations, ces sacrifices sans réserves, ces holocaustes de soi-même, non pas temporaires, mais constants », qui auraient pu réussir à calmer ses vivacités, ses exigences, ses mouvements brusques, et souvent injustes, d’humeur. Ils se supportèrent huit années, et ne se séparèrent qu’en 1847 ; mais avant d’en arriver à ce dénouement, que de scènes, plus cruelles que plaisantes ! Liszt en a raconté une qui est significative.

George Sand était partie en excursion malgré un orage des plus violents ; resté seul au logis, son ami, anxieux, fut pris d’une attaque de nerfs ; il eut un soulagement momentané à son angoisse en composant un prélude ! Mais quand la dame fut