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que la mort y passe, avec ses terreurs et ses visions macabres ».

Mais cette mort, qu’il appelait de ses vœux, refusait de l’exaucer ; avant de l’accueillir elle lui réservait encore bien des affres cruelles.

Ceux qui ont étudié la psychologie des tuberculeux n’ont pas laissé de noter, chez nombre d’entre eux, le besoin de déplacement, indice de leur fébrilité. Chopin vient enrichir d’un sujet nouveau cette observation si souvent vérifiée. Outre qu’il se plaisait à changer de logis, il aimait les longs voyages, et on le vit tour à tour à Carlsbad, Leipzig, Heidelberg, Marienbad, Londres, Édimbourg.

Il arrivait à Londres peu après la révolution de février ; le 21 avril 1848, il s’installait dans un home confortable. Il ne tarda pas à y être repris de ses étouffements et de ses malaises. C’est alors qu’il écrivait à un ami : « Je n’ai jamais maudit personne, mais je suis si las de la vie, que je maudirais Lucrezia[1]. Mais elle souffre de sa méchanceté qui augmente avec les années. »

En dépit de son état de santé, Chopin passa près d’un an en Angleterre et en Écosse. Dans une lettre datée du 22 novembre, il fait allusion à ses « névral-

  1. Lucrezia, c’est-à-dire G. Sand, qui venait de publier son roman : Lucrezia Floriani.