Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/232

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cessé, les jambes n’enflent plus : c’est, à brève échéance, croit-il, le salut !…

Puis il retombe dans le découragement : l’infortuné musicien en veut à la science de son impuissance. Il se plaint que les médecins lui font jusqu’à deux visites par jour pour le soulager fort peu.

Vient alors à l’un de ses proches l’idée singulière de faire appel aux lumières d’un spécialiste… pour maladies de l’enfance ! « Il trouvera peut-être mieux qu’un autre le moyen de me guérir, dit le patient avec un sourire désenchanté ; car il y a en moi quelque chose de l’enfant. »

Malgré sa science, le Dr Blache, une célébrité de l’époque, échoua, comme avaient échoué les confrères non moins illustres qui l’avaient précédé.

Le patient se fit encore quelque temps illusion, mais cette « euphorie » fut de courte durée. Le mal empirait, l’œdème reprenait et augmentait, les efforts qu’il faisait pour aspirer l’air faisaient peine à voir. Maintenant, il parlait de sa mort prochaine comme d’un terme inévitable à un martyre dont il souhaitait la fin.

Pas un instant il ne perdit la lucidité de ses idées, ni la claire vue de ses intentions. Il exprima le désir d’être enterré au Père-Lachaise, à côté de Bellini, qu’il avait toujours admiré ; quant à son cœur, ce cœur « qui ne battait que pour la