Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/234

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ce tempérament fébrile, intimement lié au mal qui minait l’artiste. Ces exaltations, ces chutes subites, cette facilité à passer d’un extrême à l’autre, qui se sentent sans cesse dans son style, sont parallèles aux excitations et dépressions continuelles provenant de son état physique. Nous laissons à plus expert que nous le soin de délimiter l’importance de l’influence de l’état maladif de Chopin sur sa musique. Pour nous, cette influence est indéniable : elle nous paraît être le secret de ce charme morbide — si prenant — qui, chez Chopin, caractérise à la fois l’homme et l’œuvre.


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Liszt a laissé le récit sincère, sublime dans sa vérité nue, des derniers moments de son ami. Nous ne saurions mieux terminer qu’en reproduisant ces pages admirables, si dignes d’être conservées.

… Chopin ne quitta plus son lit et ne parla presque plus. À la nouvelle de sa maladie, sa sœur, arrivée subitement de Varsovie, s’établit à son chevet et ne s’en éloigna plus. Il vit ces angoisses, ces présages, ces redoublements de tristesse autour de lui sans témoigner de l’impression qu’il en recevait. Il s’entretenait de sa fin avec une tranquillité et une résignation toutes chrétiennes ; il ne cessa pourtant pas de prévoir un lendemain. Le goût qu’il eut toujours à chan-