Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/241

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Des crises toujours plus pénibles revinrent et continuèrent le reste du jour ; la nuit du lundi au mardi, il ne prononça plus un mot, et semblait ne plus distinguer les personnes qui l’entouraient ; ce n’est que vers onze heures du soir qu’il se sentit soulagé. L’abbé Jelowicki ne l’avait pas quitté : à peine eut-il recouvré la parole qu’il désira réciter avec lui les prières et les litanies des agonisants. Il le fit en latin, à haute et intelligible voix. À partir de ce moment, il tint sa tête constamment appuyée sur l’épaule de M. Guttmann, qui, durant tout le cours de cette maladie, lui avait consacré et ses jours et ses veilles.

Une convulsive somnolence dura jusqu’au 17 octobre 1849[1]. Vers deux heures, l’agonie commença, la sueur froide coulait abondamment de son front ; après un court assoupissement, il demanda d’une voix à peine audible : « Qui est près de moi ? » Il pencha sa tête pour baiser la main de M. Guttmann qui le soutenait et rendit l’âme dans ce dernier témoignage d’amitié et de reconnaissance ; il expira comme il avait vécu, en aimant !

Lorsque les portes du salon s’ouvrirent, on se précipita autour de son corps inanimé, et longtemps ne purent cesser les larmes qu’on versa sur lui.

  1. Dans la nuit du mardi au mercredi 17 octobre, le Dr Cruveilhier approcha un flambeau de la figure du moribond : « Souffrez-vous ? » demanda-t-il — « Plus », dit Chopin. Un instant après il rendait le dernier souffle, il était trois heures du matin.