Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/243

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

loureuses en nous appuyant à la fois sur l’histoire de sa vie et l’étude parallèle de son œuvre. Non point que celle-ci reflète, comme par exemple celle de Dostoïevsky, un tempérament qui la marque à son empreinte ; nous y pourrons, néanmoins, déceler quelques indices qui nous permettront de la ranger dans ce qu’on a justement appelé la littérature pathologique.

Disons tout d’abord que Gogol fut, avant tout, un peintre de mœurs ; c’est, comme l’ont souligné la plupart de ses biographes, « le portrait exact et frappant de la Russie qu’on trouvera dans celles de ses œuvres qu’il n’a pu détruire avec lui… On tomberait dans une grave erreur, on n’élèverait point Gogol à sa véritable place, si l’on se bornait à le traiter en écrivain de fantaisie, en humoriste à la manière de Swift ou de Sterne. Ce serait ne voir qu’un seul côté de son talent, le plus petit, et se préoccuper seulement de la forme de ses écrits ; ce serait surtout ne pas comprendre sa haute signification historique[1] ».

Gogol est unanimement reconnu comme le créateur du roman russe ; titre de gloire suffisant pour justifier l’intérêt que lui ont témoigné et la critique française et celle de son propre pays.



MÉRIMÉE
(Gravure de la collection de l’auteur)

  1. Préface de L. Viardot, aux Nouvelles choisies de N. Gogol, Paris, 1853.