Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/257

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une histoire de sorcellerie ; le second, une épopée russe, ou plutôt une épopée petite-russienne. Gogol y chante la lutte contre l’ennemi séculaire, les Polonais ; et ce sont les Cosaques Zaporogues, conduits par leur vieux chef Tarass Boulba, qui fournissent les héros du drame[1].

Que ce soit sous l’influence des Allemands, plus particulièrement celle d’Hoffmann, ou que Gogol ait eu une propension naturelle pour les « diableries », il est certain que le fantastique exerçait sur lui une véritable fascination ; il croyait au diable et il le redoutait. Il était un peu, selon l’amusante boutade de M. Louis Léger[2], comme ces enfants qui se font peur à eux-mêmes, par les scènes horrifiques qu’ils imaginent.

Dès le début de sa carrière d’écrivain se trahit, chez Gogol, une sorte d’anxiété qui prendra de plus en plus un caractère pathologique.

Ses premières lettres accusent un tempérament inquiet, original, ombrageux. Dans sa correspondance avec ses parents, il se montre accablé de tristesse : « Chaque jour, ses larmes coulent » ; il se plaint qu’il « souffre de la poitrine ».

Lorsque son père meurt, il en est moralement très affecté ; il écrit à sa mère qu’il a « complète-

  1. Thèse Tyrneva, 70.
  2. Nicolas Gogol, par Louis Léger, membre de l’Institut, professeur au Collège de France ; Paris, 1914, 75.