Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/261

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donner plus de hardiesse, plus de confiance en soi.

Pouchkine a exercé sur Gogol une véritable emprise ; c’est grâce à Pouchkine qu’il fut accueilli dans les salons, dans les revues ; c’est à Pouchkine qu’il a fait honneur de la paternité des Âmes mortes, qui a tant contribué à asseoir sa réputation.

« Pouchkine, écrit-il, m’engageait depuis longtemps à entreprendre une grande composition. Un jour, il me représenta ma faiblesse de complexion, mes infirmités qui pouvaient amener une mort prématurée : il me cita l’exemple de Cervantès, auteur de quelques nouvelles de premier ordre, mais qui n’aurait jamais occupé le rang qu’on lui accorde parmi les grands écrivains, s’il n’eût pas entrepris son Don Quichotte. Pour conclure, il me donna un sujet de son invention, d’où il comptait tirer un poème, et qu’il n’eût jamais donné, ajoute-t-il, à un autre qu’à moi : c’était le sujet des Âmes mortes : l’idée première du Reviseur m’était aussi venue de lui[1]. »

Jusque-là Gogol ne s’était fait connaître que par des études de courte haleine. Le Portrait est l’histoire d’un jeune peintre, réduit à la misère, qui, tout à coup, découvre un sac d’argent caché derrière le cadre d’un tableau, acquis d’occasion.

  1. E. M. de Vogüé, op. cit., 106.