Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/264

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C’était le portrait d’un vieillard « au visage bronzé, amaigri, aux pommettes saillantes : les traits de la figure semblaient avoir été dessinés lors d’une contraction nerveuse… Il paraissait n’avoir pas été complètement achevé, mais la force du pinceau était frappante.



POUCHKINE
dans un groupe de poètes russes
d’après la Revue encyclopédique (1899)

« Ce qu’il y avait de plus extraordinaire, c’était les yeux. Ils regardaient dans le portrait lui-même, détruisant ainsi son harmonie par leur force étrange. C’étaient des yeux vivants, des yeux humains. On eût dit qu’ils avaient été enlevés à un homme encore en vie, pour être posés dans ce tableau. Ce n’était plus ce sentiment de jouissance profonde qui enveloppe l’âme entière, lorsqu’on contemple l’œuvre d’un peintre, quelqu’effrayant qu’en soit le sujet. C’était un sentiment maladif, irritant. »

Aussitôt en possession du « magot » si opportunément découvert, l’artiste n’a qu’une hâte, c’est de mener l’existence luxueuse qu’il a rêvée depuis tant d’années ! En même temps que la fortune, il lui est venu un désir de gloire ou, à son défaut, de notoriété, qui en est la menue monnaie. Toutes ses ambitions seront satisfaites, mais il aura bientôt du remords d’avoir quitté l’art pour le métier.

Les succès des autres l’irritent, l’exaspèrent. Puis il lui semble que les yeux étranges du vieillard ne