Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/266

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

belles copies que le bon Dieu allait lui confier. »

Mais où est-il question de manteau ? Pourquoi un pareil titre ? Nous y arrivons.

Akakii portait un pardessus usé, râpé jusqu’à la corde ; et, malgré les nombreuses pièces qu’il avait mises aux endroits déchirés, le vêtement avait besoin d’être remplacé. Mais comment se procurer la somme nécessaire pour une aussi grosse dépense ? Un de ses chefs, prenant en pitié sa détresse, lui donne à faire des rapports pour un tribunal : « il fallait changer les titres de certains actes, et, çà et là, remplacer le prénom de la première personne par celui de la troisième ; il se trouva vite fatigué de la nouvelle besogne, au point que la sueur lui ruisselait du front. Il s’écria : « Rendez-moi mes copies ! »

Dans les Mémoires d’un Fou, Gogol nous montre, avec sa minutie habituelle, les différentes phases du détraquement d’un cerveau déjà faible, qui arrive progressivement à la démence.

C’est encore dans le monde administratif qu’il choisit son héros. Le chef remarque tout de suite l’étrangeté des manières de son employé :

« Quel désordre as-tu dans la tête, mon frère ? Souvent tu te jettes à droite et à gauche, comme un homme asphyxié par la chaleur du poêle : tu embrouilles les papiers de façon que le diable lui-même ne s’y retrouverait plus ; tu mets des petites