Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/271

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un maître psychiatre ; car, ainsi que le fait justement observer M. Ossip-Lourié[1], « Gogol décrit bien le développement évolutif de la folie de Propitschine (le héros des Mémoires d’un Fou), depuis les simples illusions et hallucinations, jusqu’à la mégalomanie. En proie au délire, Propitschine est envahi par une multitude d’idées qui se heurtent et se confondent dans son cerveau, sans suite et sans liaison ; il les exprime avec incohérence : il commence à exprimer une idée, immédiatement une autre lui fait oublier la première, dont il laisse l’expression inachevée pour poursuivre l’expression de la seconde, qu’à son tour il abandonne pour une troisième. Son cerveau ne sait plus discerner, et cette confusion se retrouve dans toutes ses paroles. Sa logique est morbide ».

La comédie du Réviseur est d’une autre manière. C’est la satire du fonctionnarisme, poussée jusqu’à la caricature ; c’est cependant toujours la réalité ; ici, nous rions franchement, et nous applaudissons comme, dit-on, applaudit le czar Nicolas lui-même, quand il vit Gogol dauber ses fonctionnaires, les flageller de ses traits cinglants.

C’est toute la vie de province, avec ses mesqui-

  1. La Psychologie des Romanciers russes du XIXe siècle. Paris, 1905.