Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/277

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point pour le rétablir. Il se livre à des excès de dévotion, jeûne certains jours comme les moines, se prive même de sommeil « pour la plus grande gloire de Dieu ». On a prétendu qu’il était tombé sous l’influence d’un moine obscur et ignorant, le père Matveï, qui lui répétait sans cesse : « Il faut jeûner, il faut prier. » Le père Matveï était un détraqué véritable : c’est lui qui, ayant découvert une tête qui avait, disait-il, conservé les oreilles et la peau, la canonisa de sa propre autorité et l’expédia au Consistoire de Tver, en affirmant qu’elle dégageait un parfum céleste ! Or, à l’ouverture de la caisse, il fut constaté que ce n’était qu’un crâne vulgaire, sans oreilles ni peau, et dégageant une affreuse odeur de putréfaction. Quand on demanda au moine d’où lui venait cette pièce anatomique, on ne put tirer de lui d’autre réponse que la suivante : Dieu seul et moi, nous le savons[1].

Le 11 février 1852, il prit à Gogol une fantaisie étrange : il demanda à son domestique une liasse de manuscrits, dont il lui indiqua la place et, à la stupéfaction du serviteur qui tentait vainement de s’opposer à cet autodafé, il jeta les papiers dans le poële et attendit que tout fût réduit en cendres. « Il fit ensuite le signe de la croix, embrassa son petit domestique, s’étendit sur son divan et pleura. »

  1. Ossip-Lourié, loc. cit.