Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/287

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atmosphère paisible, sans trop de heurts. « Vivre commodément, faire bonne chère et fainéanter une partie du jour, telle était la courte ambition de tous et que chacun, dans cette riche maison (avons-nous dit que les Gontcharov étaient des commerçants fort à leur aise ?) pouvait réaliser sans peine. » Les jours succédaient aux jours et l’existence s’écoulait monotone, invariable dans ses rites réguliers, fêtes, anniversaires et autres solennités. Seules les gâteries d’un parrain très attentionné apportaient quelque imprévu dans cette vie de désœuvrement et d’épicurisme.

Nous passons sur les années d’école dont le jeune Ivan avait gardé un souvenir dépourvu d’agrément. « Les maîtres étaient inintelligents ; l’un même, assurait-il, notoirement gâteux et ivrogne ; les méthodes étaient ennuyeuses et sottes, la discipline étroite. » C’est là, écrira plus tard Ivan Alexandrovitch, « que nous avons ranci huit années entières, huit de nos plus belles années et cela à ne rien faire » ! Boutade exagérée, sans doute, car c’est à cette époque que se révéla la vocation littéraire du futur écrivain, à la suite de la lecture des livres de toute espèce qui lui tombèrent sous la main, entre autres ceux de Karamsine et de Pouchkine.

Gontcharov eut la révélation de Pouchkine entre treize et vingt ans. Il avait à peine atteint la vingtième année quand il entra à l’Université, où il