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devait rester trois ans. Il y lut beaucoup et de tout, plus épris, semble-t-il, de poésie que de philosophie.



GONTCHAROV

Il revient ensuite au foyer familial, y séjourne peu de temps et part pour Pétersbourg, où commence sa carrière bureaucratique.

Ses fonctions ne l’absorbent guère et il a tout loisir de s’adonner à la littérature, pour laquelle il se sent déjà un goût déterminé. Tout en traduisant des fragments de romanciers anglais et allemands, il se livre à ses premiers essais, vers lyriques ou esquisses humoristiques, on ne sait au juste, cherchant sa voie ou plutôt, selon son expression, se cherchant lui-même, et c’est sa vie qu’il décrira dans sa première œuvre de quelque étendue. « En écrivant Histoire ordinaire, c’était moi-même que j’avais en vue », lit-on dans sa confession littéraire, « moi-même et quantité d’autres pareils à moi ». Mais Histoire ordinaire reflète aussi la société dans laquelle a vécu Gontcharov et l’époque qu’il s’est attaché à faire revivre.

Le succès fut immédiat, incontesté. Gontcharov à trente-cinq ans était célèbre ; son entrée dans les lettres avait été aussi glorieuse que soudaine.

Il n’en fut pas grisé outre mesure, restant toujours timide et défiant de lui-même, d’une susceptibilité ombrageuse, qui alla en s’aggravant. Et cependant, on lui reprochait « de n’avoir ni rancune, ni irritation, ni subjectivité » !