Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/291

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Paresseux et nullement curieux : ainsi se plaît-il à se définir dans une de ses chroniques. Il s’étudiera, en effet, à rester, autant que possible, objectif impassible ; il y était, d’ailleurs, préparé par son organisation ; dans une lettre de lui, nous relevons cette phrase : « Bâillement au travail, bâillement à la lecture, bâillement au spectacle et bâillement encore dans une conversation d’amis, dans une bruyante réunion ! » C’est l’indifférent et l’indolent, si ce n’est encore le désenchanté.

Un voyage autour du monde vint heureusement faire diversion à cette crise d’ataraxie. En octobre 1852, l’amiral Poutiatine s’embarquait sur la frégate Pallas, sous l’apparent prétexte d’une inspection des possessions russes de l’Amérique du Nord, mais en réalité chargé de conclure un traité avec le Japon, traité qui devait ouvrir ce pays extrême-oriental au commerce russe : Gontcharov avait été désigné pour remplir auprès de l’amiral l’office de secrétaire. C’était pour lui la réalisation inespérée d’un rêve de jeunesse et, néanmoins, ce n’était pas sans quelque déplaisir que le « nouvel Argonaute » appréhendait le mal de mer, les chaleurs tropicales, les fièvres, les fauves, les sauvages, les tempêtes et l’extrême fragilité du navire qui le devait emporter ! Quand le navire échoue en vue de Copenhague, il ne cache plus la satisfaction qu’il