Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/293

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extérieure et superficielle. Il est resté le placide bureaucrate, ami de l’ordre et du confort qui, « flegmatique en apparence, porte au fond du cœur la nostalgie du sol natal et du passé ». Aussi aspire-t-il au jour où il pourra reprendre son service, malencontreusement interrompu, au ministère des Finances, en qualité de chef de bureau. Mais soit le travail sédentaire, soit le climat de Pétersbourg, il sent bientôt la fatigue l’envahir et demande un congé de quatre mois, qu’il se propose de passer en Allemagne, en Autriche, pour le terminer en Belgique et en France. De Marienbad, il gagne directement Paris, où il retrouve deux ou trois amis russes, auxquels il fait la lecture des nouveaux chapitres du roman qu’il prépare, qu’il intitule Le Ravin, après l’avoir appelé d’abord Raïski l’artiste. Un peu plus tard, il lit à Tourguéniev et à Botkine son Oblomof, considéré généralement comme son chef-d’œuvre.

Gontcharov a créé là « un type, une personnification de cette apathie générique qui a été, en Russie, le produit commun des conditions matérielles et des conditions morales de l’existence nationale, mais qui a atteint un développement particulier au sein de la barchtchina, dans le monde des propriétaires ruraux antérieur à l’abolition du servage[1] ».

  1. Littérature russe, par K. Waliszewski, 2e édition, p. 268.