Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/363

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Pour ce qui est des rapports entre l’épilepsie et le crime, Dostoïevsky ne s’est point montré moins perspicace. Dans Crime et Châtiment, Raskolnikoff (son porte-parole) assimile cette éclipse du jugement et cette défaillance de la volonté à une affection morbide qui se développait par degrés, atteignait son maximum d’intensité peu avant la perpétration du crime et encore quelque temps après, pour cesser tout de suite comme cesse la maladie.

Un point à éclaircir était celui de savoir si la maladie détermine le crime ; ou si le crime lui-même, en vertu de sa nature propre, n’est pas toujours accompagné de quelque phénomène morbide. Dans certains cas, le crime est comme la manifestation même de la névrose ; à propos d’un attentat commis par un prisonnier, Dostoïevsky dit expressément (dans la Maison des Morts) :


« La cause de cette explosion imprévue chez un homme dont on n’attendait rien de pareil, c’est la manifestation angoissée, convulsive de la personnalité, une mélancolie instinctive, un désir d’affirmer son moi avili… C’est comme un accès d’épilepsie, un spasme… »


Dostoïevsky se garde de confondre l’impulsif avec l’épileptique. Il expose le diagnostic différentiel avec autant de maîtrise qu’un professionnel ; le portrait d’impulsif qu’il donne dans L’Idiot n’appelle aucune retouche :