Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/369

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Nombreux sont les alcooliques dans l’œuvre de Dostoïevsky : Marméladoff, dans Crime et Châtiment ; le général Ivolguine, Lebedeff, dans L’Idiot ; Lebiadkine, dans Les Possédés : chez ce dernier, la dipsomanie paraît héréditaire.

Cette notion de l’hérédité morbide est familière à l’auteur ; ce n’est pourtant pas dans les livres de science qu’il l’a puisée. La mère de Smerdiakoff est une idiote ; son père, un perverti sexuel. Résultat : Smerdiakoff est épileptique. Ivan Karamazoff a le même père que Smerdiakoff ; sa mère était hystérique : Ivan sombrera dans la folie. Veut-on un troisième exemple, non moins démonstratif ? Le père d’Aliocha et de Nelly, le prince Valkowsky, est un alcoolique ; Aliocha sera imbécile, et Nelly épileptique.

Il semble que le romancier se complaise à décrire des états vésaniques, comme il prend plaisir à montrer « les brutalités affolées de la bête humaine, avec des perversions contre nature ». Ainsi que l’a clairement vu un de ceux qui ont le mieux démêlé sa psychologie, « ce réaliste, qui prodigue les situations scabreuses et les récits les plus crus, n’évoque jamais une image troublante…, il ne montre le nu que sous le fer du chirurgien, sur un lit de douleur. En revanche, et tout à fait en dehors des scènes d’amour absolument chastes, le lecteur attentif trouvera, dans chaque roman, deux ou