Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/375

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dans le présent, pour être dispensé de pousser plus avant la démonstration.

Loin de nous la prétention de ramener l’histoire tout entière à une série de problèmes de psychologie morbide. Nous n’entendons pas davantage faire intervenir, comme mobiles des événements, les seuls facteurs physiologique et pathologique ; nous ne prétendons apporter qu’une contribution, la contribution scientifique, à l’étude de certaines questions où celle-ci nous paraît devoir être indispensable.

Mais si nous sommes susceptibles de rendre des services à l’histoire, nous en attendons d’elle, par juste réciprocité. Les historiens peuvent, en effet, nous fournir des matériaux d’étude, nous indiquer plus précisément les sujets où ils réclament notre intervention ; de la sorte, notre champ de recherches étant limité par ceux-là même qui sont habitués à l’exploiter, nous courrons moins risque de nous égarer dans des sentiers déjà battus.

Parlant de Michelet, les uns ont dit qu’il avait renouvelé l’histoire en appliquant à son étude les procédés de l’histoire naturelle ; d’autres ont soutenu qu’il en avait tiré des inductions hasardées. Nous démontrerons que la méthode scientifique, pour donner tous les résultats qu’on est en droit d’en attendre, doit être maniée par des initiés, et que, seuls, les professionnels peuvent guider les historiens et les éclairer, pour l’interprétation de certains faits qui, sans les lumières de la science, resteraient inexplicables.

Les littérateurs n’ont pas moins de profit à tirer de leur commerce avec les médecins[1]. Le succès retentissant obtenu, tout récemment, par M. Jules Lemaître, avec ses conférences sur Jean-Jacques Rousseau, dont, après le professeur Régis, il a tenté d’expliquer le caractère et l’œuvre par l’étude de ses tares morbides ; les travaux récents publiés sur Chamfort, Gérard de Nerval, Musset, Flaubert, Maupassant[2], travaux où l’influence de la maladie et du tem-

  1. Cf. Dr Paul Voivenel, Littérature et Folie, et Le Génie littéraire (Alcan, édit.).
  2. Cf. Dr Paul Voivenel, Sous le signe de la P. G. — La Folie de Guy de Maupassant (La Renaissance du Livre).