Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/50

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fection chronique dont Heine devait mourir, un incident dont il ne faudrait pas, croyons-nous, exagérer l’importance.

Henri Heine avait un oncle, un banquier fort riche, dont il avait escompté l’héritage. Celui-ci meurt, lui laissant en tout et pour tout une somme ridiculement infime pour sa situation de fortune : un capital de seize mille francs ! Heine, à cette nouvelle, serait tombé raide sur le parquet, et, ajoute le narrateur[1], « ce fut pour lui un coup mortel ; sa grande maladie date de là ».

D’autres, moins discrets, sinon mieux renseignés, ont invoqué une pathogénie plus spéciale, pour ne pas dire plus spécifique. « Ce mal (celui de Heine), écrit l’auteur des Petits mémoires du XIXe siècle[2], on ne savait pas au juste ce qu’il était. De ce poète si vert, si jeune, si alerte, qui portait fièrement sur les épaules une des plus belles têtes que la nature ait faites, de cette complexion opulente, sous laquelle il y avait un tribun, un élégant, un homme d’action au besoin, un virus innommé a fini un jour par faire une masse informe, couverte d’ulcères et tristement repliée sur elle-même.

« D’où cela venait-il ? On a dit, d’une part, que cela résultait d’un accident ; on a prétendu aussi,

  1. Alex. Weill, Souvenirs intimes de Henri Heine.
  2. Philibert Audebrand, op. cit., 42-3.