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il annonçait que le muscle facial du côté droit devenait d’une paresse déplorable :

« Hélas ! disait-il, je ne puis plus mâcher que d’un côté, plus pleurer que d’un œil ! Je ne suis plus qu’un demi-homme. Je ne puis exprimer l’amour, je ne puis plaire que du côté gauche. Ô femmes ! à l’avenir, n’aurai-je droit qu’à la moitié d’un cœur ? »

Le 3 mars 1842, il écrit à sa mère que la « paralysie des muscles du visage persiste », et que ses yeux sont tout à fait guéris : il est vrai qu’il a recouvré passagèrement la vue, mais c’est à peine s’il peut relever la paupière.

Vers la fin de 1844, l’état de ses yeux a tellement empiré qu’il a toutes les peines du monde à écrire. Son œil gauche est resté complètement fermé pendant trois semaines ; mais la santé générale est bonne, à part de violents maux de tête qui le reprennent de fois à autre.

Après un séjour à la campagne, et une cure d’hydrothérapie, une trêve momentanée se produit ; mais l’œil gauche est et reste fermé. Il est revenu des Pyrénées un peu refait, mais déjà voûté et vieilli. Les lunettes bleues qui couvrent ses yeux achèvent de le faire ressembler à un vieillard.

Au mois d’avril 1846, son mal descend vers le bas de la face et s’attaque de préférence aux muscles qui entourent la bouche. C’est alors qu’il mande à son ami F. Lassalle :