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agonie. « Je suis, disait-il, sur le brasier ardent de la torture du Saint-Office » ; mais sa plainte ne se changeait jamais en malédiction[1].

Au printemps de 1854, la paralysie des paupières l’empêchant de remarquer le chagrin de sa nièce qui était venue à son chevet : « Approche-toi davantage, ma chère enfant, dit-il d’une voix faible, afin que je puisse mieux te voir ; là, viens tout près de moi ! » Et il souleva d’une main sa paupière pour voir si la jeune fille ressemblait à sa mère.

Son état s’aggravant de plus en plus pendant l’hiver de 1855, les spasmes et les crises névralgiques ne lui laissaient pas de répit ; elles se répétaient presque chaque nuit.

Continuellement il parle de ses accès de migraine ; à certains moments, il tousse affreusement ; à d’autres « il est secoué par l’orageuse véhémence des désirs les plus effrénés ».

Trois jours avant sa mort, il fut pris de vomissements que rien n’arrivait à calmer ; des compresses froides, prescrites par Gruby, amenèrent un soulagement passager. Son corps était tellement

  1. Le corps du moribond, réduit par l’atrophie, « paraissait être celui d’un enfant de six ans ; ses pieds pendaient inertes, ballottant, tordus, de façon que les talons se trouvaient placés devant, là où devait être le cou-de-pied ». (Souvenirs de Mme C. Jaubert.)