Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/98

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lue, on peut déjà voir poindre dans ces lignes les prodromes du mal qui guette celui qui les a écrites, la fêlure, qui ira s’agrandissant, d’un cerveau déjà obnubilé.

Après les vertiges, après la surdité, après des accès d’agitation maniaque et des phénomènes congestifs, ressemblant assez à des crises de morbus comitialis, Swift perdit entièrement l’usage de ses facultés, et son état de déchéance cérébrale devint si manifeste qu’on dut confier à des curateurs l’administration de ses biens.

Il eut, vraisemblablement, au moins une attaque d’apoplexie, car le masque de l’illustre doyen, moulé immédiatement après sa mort et conservé au Museum de l’Université de Dublin, laisse voir une bouche tournée et convulsée.

Prévoyait-il sa fin lamentable quand il formula ses dispositions dernières ? Voici deux clauses, entre autres, qui donneront le ton de ce testament singulier :


Item. Je lègue au révérend Robert Grattan, prébendier de Saint-Andoen, le tire-bouchon en or qu’il m’a donné, ainsi que mon coffre-fort, à la condition toutefois de ne permettre qu’à son frère, le docteur Grattan, de se servir de ce dernier objet, celui-ci en ayant plus souvent l’occasion. Je lui lègue, en même temps, un de mes chapeaux de castor.

Item. Je lègue à M. John Grattan, prébendier de Clou-