Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/99

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methan, la boîte d’argent dans laquelle le diplôme, qui me conférait le droit de bourgeoisie de la cité de Cork, m’a été offert. Je désire que le susdit Grattan mette dans cette boîte le tabac en corde qu’il mâche continuellement.


Dans ce même testament, Swift spécifiait que la plus grande partie de sa fortune — dix mille livres sterling — devrait servir à fonder un hôpital de fous !

Suprême pitié, ou dérision amère ? Ne nous hâtons pas de porter un jugement absolu ; au dire de ceux qui l’ont le mieux étudié, la personnalité de Swift fut toute en contrastes. Son caractère tyrannique, sa brusquerie concertée, semblent n’avoir été que le masque d’une sensibilité extrême, trop souvent blessée à vif.

S’il a fait souffrir, il a beaucoup souffert lui-même, et s’il abusa de la domination de l’esprit, du despotisme, de l’épigramme, il en fut si cruellement puni que le spectacle de sa décadence intellectuelle comme, d’ailleurs, l’histoire de toute sa vie, nous inspireraient une infinie compassion, si, accordée à cet homme implacable aux autres et à lui-même, la compassion n’était la suprême injure qu’on lui pût infliger.