Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 1.djvu/160

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proprement dites, ne sont plus les mêmes ; si elles donnent à tous les objets de la nature un nouvel aspect et de nouvelles couleurs, c’est encore à lui, c’est à sa puissante influence qu’il faut l’attribuer.

En voilà sans doute assez sur cet article. Je ne crois même pas nécessaire de parler des songes, où l’esprit est assiégé d’images, et l’âme agitée d’affections, évidemment produites les unes et les autres sans la participation actuelle des sens extérieurs, et sans le concours de ces actes de la volonté par lesquels la mémoire est mise en action. Observons seulement que ce phénomène singulier n’est pas toujours, comme on le dit, le tableau fidèle des pensées ou des sentimens habituels ; qu’il tient souvent, d’une manière sensible, au travail des organes de la digestion, ou à la gêne du cœur et des gros vaisseaux ; et qu’alors les idées pénibles ou les sentimens funestes qui l’accompagnent, peuvent n’avoir pas le moindre rapport avec ce qui, pendant la veille, nous a le plus occupés. Je passe également sous silence les rêveries, ou les états particuliers du cerveau, qui suivent l’emploi des liqueurs enivrantes, ou des narcotiques, et dont la cause n’existe et