Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 1.djvu/218

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corps calleux, m’a dit plusieurs fois, pendant le cours de sa maladie, qu’il sentoit son lit se dérober sous lui, et qu’une odeur cadavéreuse le poursuivoit sans cesse depuis plus de six mois. Il prenoit beaucoup de tabac pour la dissiper : mais c’étoit inutilement ; les deux odeurs, ou leurs impressions, se confondoient d’une manière insupportable ; et il les rapportoit également l’une et l’autre à l’organe même de l’odorat.

On pourroit citer encore ici ces sensations étranges que Boerhaave observa sur lui-même, dans une maladie où le système nerveux se trouvoit singulièrement intéressé. Le même cas, à-peu-près, s’est offert à moi, chez un homme, d’ailleurs plein d’esprit, et d’une raison très-sûre. Il se sentoit tour à tour étendre et rapetisser, pour ainsi dire, à l’infini. Cependant la vue, l’ouïe, le goût, &c. restoient à-peu-près dans leur état naturel ; et le jugement conservoit toujours, en général, la même fermeté.

Les autres malades, indiqués ci-dessus, étoient également en état de rectifier leur premier jugement.

Mais on sait que la raison des hypocondriaques n’échappe pas toujours à la puis-