Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 1.djvu/278

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réfracter et de les diriger ; il paroît aussi qu’elles en approprient les impressions à la sensibilité de la pulpe du nerf optique.

On observe, dans les opérations de l’œil, deux circonstances principales qui doivent beaucoup influer sur leur caractère. 1°. La lumière agit presque constamment sur cet organe, pendant tout le temps de la veille : elle excite fortement son attention par des impressions vives et variées ; et les jugemens qui s’y rapportent, se mêlent à l’emploi de toutes nos facultés, à la satisfaction de tous nos besoins. 2°. L’œil peut prolonger, renouveler, ou varier à son gré les impressions : il peut s’appliquer cent et cent fois aux mêmes objets, les considérer à loisir, sous toutes leurs faces et dans tous leurs rapports ; en un mot, quitter et reprendre à volonté les impressions. Ce ne sont pas elles qui viennent l’affecter fortuitement ; c’est lui qui va les chercher et les choisir. Il résulte de là, qu’elles réunissent toutes les qualités qui peuvent en rendre les résultats bien distincts, et donner à leurs souvenirs un grand caractère de persistance. L’on ne s’étonnera donc pas que la vue soit le sens doué de la plus grande force de mémoire et d’imagination.