Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 1.djvu/321

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deux dentitions. Les observateurs savent quelles souffrances périlleuses accompagnent l’éruption des premières dents, et quels changemens avantageux se font dans tout le système après qu’elle est terminée. Ce changement m’a toujours paru plus remarquable chez les sujets pour lesquels il avoit été précédé de plus d’orages, quand ces sujets étoient d’ailleurs bien constitués et sains.

Mais la dernière dentition a beaucoup plus d’influence encore sur l’état général des forces vivantes. Les anciens médecins, qui divisoient la durée de la vie par grandes périodes climatériques, fixoient le terme de la première de ces périodes, à l’apparition des dents de sept ans. Ils n’avaient pas eu de peine à remarquer que les solides et les humeurs prennent alors tout à coup des caractères plus prononcés : le passage est trop brusque pour qu’il pût échapper à leur observation. Ces exacts contemplateurs de la nature n’ont pas ignoré la révolution qui se fait en même temps dans le moral : et si tous les peuples civilisés placent à cette même époque, l’âge de raison, il ne faut pas croire que ce soit au hasard et sans motif.