Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 1.djvu/340

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sentir et d’agir : et la vie est d’autant plus entière, que tous les organes sentent et agissent plus fortement, sans sortir toutfois de l’ordre de la nature. Voilà ce qui constitue le bien-être physique : et c’est encore en cela que réside le bonheur moral, qui en est un résultat particulier, ou plutôt qui n’est que ce même bien-être, considéré sous un autre point de vue, et dans d’autres rapports.

Je crois pouvoir me dispenser d’ajouter ici, qu’il n’est pas toujours nécessaire, pour le bonheur, d’éprouver actuellement même les impressions dont il dépend : il suffit souvent de leur souvenir et de la conscience qu’elles restent en notre pouvoir.

Mais lorsque cette conscience devient incertaine ; lorsque le sentiment des forces commence à s’émousser, l’existence prend déjà quelque chose d’inquiet et de fâcheux : l’imagination a, dès-lors, besoin de se rassurer par les impressions d’une force factice, exercée sur les objets extérieurs ; impressions qui, constatant elles-mêmes ce commencement de décadence, n’en font que mieux sentir le vide qu’on cherche à remplir par elles, et sont de bien foibles dédommage-